Voici la lettre envoyée par Albert Camus à son instituteur, quelques semaines après l’annonce de son Prix Nobel.

Cher Monsieur Germain,

J'ai laissé s'éteindre un peu le bruit qui m'a entouré tous ces jours-ci avant de venir vous parler un peu de tout mon cœur. On vient de me faire un bien trop grand honneur, que je n'ai ni recherché ni sollicité. Mais quand j'ai appris la nouvelle, ma première pensée, après ma mère, a été pour vous. Sans vous, sans cette main affectueuse que vous avez tendue au petit enfant pauvre que j'étais, sans votre enseignement, et votre exemple, rien de tout cela ne serait arrivé. Je ne me fais pas un monde de cette sorte d'honneur mais celui-là est du moins une occasion pour vous dire ce que vous avez été, et êtes toujours pour moi, et pour vous assurer que vos efforts, votre travail et le cœur généreux que vous y mettiez sont toujours vivants chez un de vos petits écoliers qui, malgré l'âge, n'a pas cessé d'être votre reconnaissant élève.

Je vous embrasse, de toutes mes forces.

Albert Camus

Le 19/11/1957

Vendredi dernier, Samuel Paty, professeur d'histoire-géographie à Conflans-Sainte-Honorine, a été sauvagement assassiné. Depuis, l'effroi et l'indignation ne nous quittent plus.

Tous les Français sont touchés au cœur par ce meurtre d 'un professeur qui enseignait à ses élèves la liberté d' expression.

Aujourd'hui, un hommage national sera rendu à ce professeur à l'Université parisienne de la Sorbonne, monument symbolique de l'esprit des Lumières et du rayonnement culturel, littéraire et éducatif de notre pays.

Elèves, parents, enseignants, membres de la communauté éducative de l'Ecole Pascal, tous, nous nous y associerons par le cœur et la pensée.

Nous ne manquerons pas, chacun, de poursuivre l'action de Samuel Paty dans le cadre de nos fonctions et de nos métiers dont nous sommes si fiers.

Bien à vous tous,

Valentine et Sullian Wiener

Le 21/10/2020